Quartier de Polangis
Joinville et ses quartiers de la Marne : 8 siècles d’Histoire
(par Michel Riousset)
Joinville-le-Pont, Palissy, Polangis, l’lle Fanac, Quai de la Marne… De tous ces noms qui parlent au cœur des joinvillais, celui de Polangis est sans doute celui dont l’origine est la plus ancienne, et l’histoire la plus étonnante qui soit.Les bouleversements ont commencé dès la préhistoire. C’était dans la nuit des temps…
I – L’ARRIVÉE DE LA MARNE
Il y a 100.000 ans, la rivière n’avait pas le tracé sinueux que nous lui connaissons aujourd’hui. Venant buter sur le coteau calcaire de Champigny, elle traversait en ligne droite la plaine actuelle pour rejoindre la Seine, située alors bien plus à l’est du cours moderne, vers le vieux Saint-Maur.
Les siècles passèrent, par dizaines ! et la Marne se déplaça progressivement vers le coteau du Bois de Vincennes, laissant toutes ses alluvions fertiles sur Polangis… en créant ainsi sa toute première richesse. C’était il y a 15.000 ans, au temps où les mammouths et les rhinocéros venaient paître paisiblement des deux côtés de la Marne et de ses rives marécageuses envahies par les roseaux.
II – LE PORT OLIN ET L’ABBAYE DE ST MAUR
Le lin était une des cultures importantes des plaines briardes; il servait alors à fabriquer des fibres pour les vêtements et à produire de l’huile pour l’alimentation et l’éclairage. Au XIIe siècle, seul un bac permettait le passage de la Marne, à l’emplacement du Pont de Joinville.
En 1205, un acte contresigné par l’Evêque de Paris, Eudes de Sully, atteste la construction du premier pont sur la Marne par les moines de l’abbaye de Saint-Maur, afin d’établir une liaison plus facile avec leurs terres de Portus Longini, situées sur la rive gauche, où une grange était alors la seule construction visible. A cette époque, la plaine appartenait à la paroisse de Fontenay-sous-Bois (jusqu’au XVIIe siècle), et les moines de Saint-Maur n’en étaient que les ..locataires ».
Portus Longini devint ensuite, au fil des années, Port-Longin, puis Porleng, Polengy, Poulangy, et enfin Poulangis, le seul nom utilisé jusqu’en 1880.
III – POULANGIS ET LA BRANCHE DU PONT DE SAINT-MAUR
Le Château de Polangis, au tout début des années 1900, peu de temps avant sa démolition. C’est ainsi que l’Avenue du Château, devenue ensuite Avenue Foch, passa au milieu de l’emplacement du bâtiment.
L’histoire du peuplement de Polangis se confond avec celle de son château. Nous savons que le domaine rapportait aux moines de Saint-Maur 14 livres et 8 sols parisis par an, à la fin du XVe siècle.
Vers 1600, laparoisse de Fontenay-sous-Bois y a un droit de dîme, et les seigneurs de la Maison de Condé viennent y chasser. Aux angles de la propriété, on pouvait alors voir quatre bornes au nom des Pères Minimes du Bois de Vincennes d’un côté, et aux armes de S.A. le Prince de Condé de l’autre.
En 1623, les Pères Minimes vendent le domaine à Valliech, ancien secrétaire du duc d’Epernon, et mignon d’Henri III. C’est lui qui fait construire le château, à côté de la ferme.
1639, le domaine est acheté par Jean-Jacques de la Grange-Arquien, Gouverneur de Calais ; puis il passe dans les mains de son fils Jean-François, qui y reçoit en 1667 la future reine de Pologne, sa cousine Marie-Casimire.
1682 : le Terrier de l’abbaye de Saint-Maur parle d’une maison et d’une ferme accolées, appelées Poullangis, avec cour, avant-cour, jardin et 38 arpents de terres labourables.
1693: le domaine est détaché de la paroisse de Fontenay, et rattaché à celle de Saint-Maur.
1748 : le château est acquis par le maître-maçon Foulon qui l’agrandit dans le style Louis XV, avec fronton triangulaire en façade percé d’un oeil-de-boeuf, et 32 fenêtres donnant sur l’avenue du Château (actuelle avenue Foch).
1790 : un personnage étrange loge momentanément au château, acquis par M. de la Courtière, puis M. de la Bertinière. C’est le Comte de Mirabeau, frère de l’illustre orateur, qu’un embonpoint sérieux fait surnommer « Mirabeau-Tonneau ». Grâce à son action décisive, la commune de La Branche du Pont de Saint-Maur acquiert son autonomie mais, assez curieusement, aucune rue de la ville ne porte son nom.
1793 : le citoyen La Bertinière, qui a perdu sa particule mais conservé sa tête, toujours propriétaire de Poulangis, est autorisé par la Municipalité à faire abattre et enlever 3 arbres morts au rond-point, à la charge d’en replanter d’autres de bonne qualité.
17 Ventôse an IX (1801) : le Général Oudinot (1767-1847) est attiré par le lieu ; i1 aime pêcher et chasser. Pour 50.000 livres, il achète le domaine alors orné de grottes en rocailles et toujours entouré d’un haut mur le séparant des champs et des prés.
Le 5 Floréal an X (2 avril 1802) il y reçoit à dîner des officier hostiles à Bonaparte (les Généraux Delmas et Marmont, et le Colonel Fournier), mais le complot échoue suite à une dénonciation et l’histoire mouvementée du Château se poursuit.IV – POLANGIS ET JOINVILLE-LE-PONT
Le domaine de Poulangis devient la propriété de la fille du Général Oudinot, Marie-Louise, mariée au Général Pajol, Comte d’Empire et Pair de France, puis passe entre les mains du Comte Melito, du Maréchal de Camp Jamin, de jean Gaillard, de Moynat, et enfin de Charles-Pierre Chapsal. Entre temps, La Branche du Pont de Saint-Maur a obtenu en 1831, l’autorisation de prendre le nom de Joinville-le-Pont.
Chapsal (1787-1858), bien connu de générations de Joinvillais pour la station d’autobus située près de la gare, était en réalité un grammairien très célèbre, principal auteur de la grammaire Noël. II remplit un premier mandat de Maire de 1843 à 1848, puis de juin 1852 jusqu’à sa mort; il repose dans le cimetière de Joinville, aux côtés de son épouse, Anne-Adélaïde de Favray (1783-1880).
Poulangis passe alors à son fils adoptif, Auguste Courtin, Maire de Joinville-le-Pont, de 1858 à 1875.
1870 : Le château de Poulangis devient un point stratégique au cours de la sanglante bataille de Champigny.
C’est la seule construction qui existe dans la plaine, avec la ferme du Tremblay, entre le Pont de Joinville détruit et le cœur de la bataille.
Le Général Ducrot en fait son quartier général. C’est d’ici, à la suite d’un conseil de guerre avec le Général Trochu et les chefs de corps, qu’il prend 1a décision de faire effectuer à ses troupes un repli sur la rive droite de la Marne.
Nous sommes le 3 décembre 1870, il est 7 heures du matin et dehors, il fait -14 degrés !
1881 : les héritiers de Courtin vendent le domaine à Joseph-Arthur-Théophile Battarel, à Constantin-Ernest Chavignot et à Pierre-Ernest Battarel, qui créent la Société Civile Immobilière de Polangis.La constitution du premier lotissement
Une partie du domaine, d’une contenance de 17 ha 15 a 51 ca, est lotie en 323 lots, selon les plans de Me Ratel, ingénieur-géomètre à Vincennes. Le 30 août 1883, un cahier des charges est établi, il comprend 12 pages avec instructions très précises pour les futurs acheteurs; pour la première fois le nom de Polangis est officiellement mentionné. En voici quelques extraits :
« Les lots en façade sur l’avenue du Château ne pourront être clos sur ladite avenue que par des murs d’appui surmontés de grilles en fer, conformes au type imposé ».
« La Société se réserve de faire établir sur le domaine de Polangis une ou plusieurs rivières, soit en dérivant les eaux de la Marne, soit de toute autre manière ; elle pourra également y créer un ou plusieurs lacs ».
« Tout acquéreur du domaine de Polangis aura le droit de circulation, en canot de plaisance ou bachot de pêche, sur les rivières et lacs ainsi créés… ».
« BAC ET PASSAGE D’EAU A ÉTABLIR SUR LA MARNE :
Afin de faciliter les communications entre les voies du domaine de Polangis et la rive droite de la Marne, la Société se propose de demander à l’autorité administrative l’autorisation d’établir un bac ou passage d’eau au point de jonction de l’avenue du Parc et du boulevard de Polangis, de manière à relier la ville et la gare de Nogent, ainsi que l’île de Beauté, avec les terrains de Polangis mis en vente.
Si cette autorisation est accordée à la Société, et qu’elle soit adjudicataire du droit de passage, elle prend l’engagement d’accorder le passage gratuit sur le bac à tous ses acquéreurs personnellement jusqu’au 1er janvier 1888, et, à cet effet, il sera remis à chacun d’eux une carte individuelle sur la justification de laquelle le passage gratuit sera accordé à eux, leurs femmes et leurs enfants ».
Le bac exista bel et bien jusque dans les années 1970, et le problème reste d’actualité, notamment pour les habitants situés au nord de la place Mozart, plus proches de la station du R.E.R de Nogent avec une passerelle sur la Marne, que de celle de Joinville-le-Pont.
Enfin, il est dit dans ce cahier des charges que « La Société, tant qu’elle demeurera propriétaire des voies de communications et places, se réserve le droit exclusif de provoquer l’érection de Polangis en commune, ou sa réunion en entier à l’une des deux communes de Joinville-le-Pont ou de Champigny ».
Le premier lotissement s’effectue dans une zone limitée par la Route de la Brie (avenue Gallieni) au sud, l’avenue du Château (avenue Foch) à l’ouest, l’avenue de l’Horloge (avenue Joseph Jougla) au nord, et le boulevard de Polangis à l’est. Il faut y ajouter cinq propriétés avenue de l’Ile (avenue Jean d’Estienne d’Orves), donnant sur le petit bras de Polangis creusé en 1886, et long de 1.500 mètres.
Le Petit Bras de Polangis, également appelé Rivière de Polangis, ou Canal de Polangis, est artificiel et fut creusé en 1886 par les lotisseurs de l’époque, afin de mieux vendre les parcelles environnantes aux Parisiens.
Le terrain est vendu 2 francs le mètre carré, et la plaine est toujours giboyeuse : lapins, lièvres, perdreaux et faisans.
Outre les artères déjà mentionnées, les premières avenues furent l’avenue Jamin, l’avenue Henri, l’avenue Pauline, l’avenue des Lilas (avenue Pierre Allaire), l’avenue Oudinot, la rue Ratel et l’avenue du Parc.
En dehors de ce périmètre, l’avenue Courtin reliait la Marne à la Ferme de Polangis accolée au château, et l’avenue du Bac (avenue Guy Mocquet) suivait très exactement le mur du parc du château, de l’avenue Courtin à l’avenue Marceau.
Devant l’afflux de population, la construction d’un groupe scolaire est décidée avenue Oudinot. Le terrain est acheté en 1894, au prix de 6 francs le mètre carré à MM. Battarel et Chavignot, soit pour un montant total de 30.000 francs. En 1905, l’école de garçons reçoit 152 élèves, l’école de filles 182 et l’école maternelle 157 enfants.
Cette photo aérienne, très rare, de Polangis autour de l’école, permet de mieux comprendre la constitution des premières propriétés.
L’industrie cinématographique vient alors se fixer à Polangis.Joseph Jougla et les Frères Lumière
Il ne reste plus rien de cette usine pionnière en son genre, qui était située le long du Bd de Polangis, remplacée par des immeubles et par le Groupe Scolaire Jules Ferry.
C’est en 1882 que fut fondée par Joseph -Jougla, alors âgé de 35 ans, la Société Anonyme des Plaques, Pellicules et Papiers photographiques. Installée à Nogent puis au Perreux, elle se fixe définitivement à Joinville, au 15 avenue de l’Horloge en 1901. « Avec les plaques Jougla, j’opère à toute heure », telle était la publicité pour l’appareil « SINNOX »que fabriquait Jougla à Polangis, d’après le brevet d’invention de Raymond de Bercegol, qui habitait au 17 avenue Pauline. 40 000 plaques par jour sortaient également de cette usine. Occupant jusqu’à 600 ouvriers, la société est établie sur un immense terrain de 20 000 m2, dont 4 000 sont couverts.
1er Avril 1911 : Jougla et les Frères Lumière forment l’Union Photographique des Ets Lumière et Jougla réunis. Mais Joseph Jougla disparaît en 1927 et la société prend le nom de Lumière. Jusqu’en 1966, date de sa fermeture, des appareils photographiques y seront fabriqués. Au groupe scolaire Jules Ferry construit en 1938 sur une partie de son emplacement s’ajoutera dans les années 60-70 un important ensemble immobilier : le seul de Polangis.
Liée à cette industrie, signalons au 30-32 avenue Oudinot, une maison qui achetait des vieux clichés et des résidus de photographie pour les réutiliser en miroiterie.
Les Guinguettes
La Petite Chaumière, ancienne guinguette située rue Canrobert, située donc à Polangis, et non à Nogent, comme souvent indiqué par erreur sur les cartes postales qui confondaient Nogent et Joinville dans ce secteur.
Le premier établissement installé à Polangis fut « la Péniche », situé à l’emplacement de notre actuel « Gégène », dans les années 1880 : un lieu très mal fréquenté, relié à la rive nogentaise par un bac privé. Puis vinrent « Le Petit Robinson », « La Petite Chaumière », « Le Grand Bal Champêtre Jean Brus », « Le Casino du Tremblay ». « L’Elysée-Palace' », « Mare », « La Boule Blanche », « Printania », « Pompéï » et « La Pomme d’Api » : la Grande Epoque des bords de Marne! Le flot des Parisiens découvrait des terres vierges de toute construction, les dernières si près de Paris. Cette foule d’origine modeste le plus souvent, appréciait ainsi l’attrait de la campagne, facilement accessible par le chemin de fer de la Bastille qui existait depuis le 22 septembre 1859 et les passeurs publics créés en 1909.La seconde étape du lotissement
1902 – 1905 : les avenues existantes sont prolongées vers le nord. L’avenue du Château passe au beau milieu de la demeure qui est impitoyablement détruite. Le parc est dépecé et morcelé par des avenues rectilignes. Dans le même temps, la ferme du Tremblay, toute proche bien que sur Champigny, est détruite pour 1a construction de l’hippodrome du Tremblay inauguré en 1906.
Tout semble devoir aller très vite au niveau des constructions, mais les ambitions des lotisseurs sont stoppées net par les grandes inondations de 1910. La Marne se réinstalle dans son ancienne plaine alluviale : le Rond-Point de Polangis est inondé et l’eau monte jusqu’à l’avenue Pauline. Le parc est encore visible sur des cartes postales de l’époque, avec ses grands arbres et il n’y a pas une seule construction entre ses murs et 1a Marne.
Les inondations de 1910 furent les plus importantes du XXème siècle. La Marne retrouva son ancien lit dans la plaine de Polangis. Le PPRI nous rappelle que la menace subsiste.
1914 – 1918 : le frein de la guerre sur le plan immobilier. Notons seulement la construction de l’église Sainte-Anne peu auparavant, en 1907.
Par contre, les noms des rues changent en souvenir de la Grande Guerre. Le Rond-Point de Polangis devient place de Verdun, la Route de la Brie se transforme en avenue Gallieni, et l’avenue du Château s’appellera l’avenue Foch (à la mort de celui-ci en 1929) comme sa grande sœur parisienne, à laquelle elle tente de s’identifier.
Néanmoins, les premiers habitants de Polangis peuvent se distraire au cinéma Casino de Joinville, situé au 35/37 Route de la Brie, et qui en 1911 permettait de voir en une seule séance 9 courts métrages et 2 attractions, pour des prix allant de 0,50 franc à 1 franc selon les places. C’est l’actuel « ED ».La troisième étape du lotissement 1924 -1929
La grande crue de 1924, qui arrive juste après celle de 1910 par son importance, inonde à nouveau la plaine. Malgré tout, les constructions avancent sur les derniers terrains libres : l’Ile de Polangis et à l’est du Boulevard de Polangis.
1925 : Création de la « Commune Libre de Polangis », association reprenant à sa charge l’organisation de fêtes à Polangis à la suite des « Cinglés de Joinville » : bal et mât de cocagne Place de Verdun, soirées chez « Maxe » ou « Pompéi ». L’association sera dissoute à la Libération.
1926 : Polangis compte 3.728 habitants. Monsieur Restellini, mécanicien, achète le bâtiment d’un maréchal-ferrant et devient agent officiel de Peugeot en 1929.
1928 : Création de la Société Nautique du Métro, club d’aviron, comme l’ASPP toute proche (Association Sportive de 1a Préfecture de Police).
1929 : Madame Frahier, Polangeoise, est élue Reine de Joinville.
Cette nouvelle poussée démographique au nord et à l’ouest provoque la construction de l’Ecole de Garçons Jules Ferry, avenue Bizet, sur l’emplacement d’une partie de l’usine Jougla. Elle est inaugurée le 19 novembre 1938 par le Ministre de l’Education Jean Zay. Son maître le plus éminent fut Pierre Allaire, ancien combattant de la guerre de 1914-1918, qui exerça de 1919 à 1947. A sa mort en 1960, l’avenue des Lilas devient l’avenue Pierre Allaire. Il repose au cimetière de Joinville, ses décorations obtenues lors de la Grande Guerre gravées dans le granit.La Seconde Guerre Mondiale
Beaucoup de Polangeois sont au front. Des abris sont creusés sous la place Mozart. Les truands viennent « se mettre au vert » près des guinguettes fermées, les bals étant interdits.
Madame Chagnon, propriétaire du « Petit Robinson », prend une part active à la Résistance. Henri Melchior, Vice-Président du Conseil Général de la Seine et Délégué Permanent du Secours Catholique sauve de nombreuses vies humaines. Une plaque est apposée sur sa maison au 23 avenue Jamin.
22 juin 1944 : la DCA allemande, installée à la Redoute de Gravelle, tire sur un bombardier américain se dirigeant vers l’est. L’avion est touché, certains aviateurs sautent en parachute, on retrouve un survivant à côté de l’hôpital de Créteil. L’avion s’écrase au 26 avenue de l’Ile (avenue d’Estienne d’Orves) où l’on peut voir une plaque commémorative. Bilan : 9 américains tués, certains accrochés aux arbres avec leurs parachutes. Témoignages rares. Zone immédiatement isolée par la Gestapo. Photos inexistantes.
25 juillet 1944 : Lionel Dubray, 21 ans, est fusillé par les Allemands. Plaque sur sa maison natale, au 12 avenue Foch.
25 août 1944 : Alexandre Buchou, brigadier, gardien de la Paix, F.F.I., meurt pour la Libération de Joinville. Plaque au 17 avenue Jamin.
Hiver 44-45 : on abat les arbres pour se chauffer : plusieurs rues ne les reverront jamais.
1945 : un Polangeois, Robert Deloche, est élu Maire.
Après guerre : l’avenue de l’Hippodrome devient le boulevard des Alliés et une course cycliste est créée, le Grand Prix des Alliés, qui aura lieu tous les ans jusqu’en 1952.
L’avenue de l’Ile prend le nom d’Estienne d’Orves, fusillé par les Allemands. L’avenue du Bac prend celui de Guy Mocquet, fusillé par les Allemands à Chateaubriand à l’âge de 17 ans, et l’avenue Marie-Louise devient l’avenue Etienne Pegon.
Les dernières parcelles de terrains se construisent.
Les entraîneurs des chevaux courant au Tremblay et à Vincennes, disparaissent progressivement du quartier.La Seconde Moitié du XXe siècle à Polangis
Le dernier carré des guinguettes survit, malgré l’incendie de MAXE.
Septembre 1954 : Pierre Achaintre fonde les « Boules Amicales Joinvillaises », dont les adhérents évoluent place Mozart.
1956 : une chanson, « chez Gégène » rend Joinville-le-Pont et l’illustre établissement polangeois célèbres dans le monde entier.
1959 : création d’un centre de protection maternelle et infantile, à l’angle de l’avenue d’Estienne d’Orves et de la rue du Port (ancienne rue des Voûtes, car les moines de l’Abbaye de St Maur avaient exigé que le remblai menant au pont soit percé de voûtes afin que les crues de la Marne n’inondent point leurs terres de Polangis).
1963 : construction d’une école maternelle, 12 rue Joseph Jougla, sur un terrain acheté aux héritiers de la famille Lewinski, propriétaire des studios de cinéma de l’avenue Galliéni.
1967 : fermeture de l’hippodrome du Tremblay.
1974 – 1976 : le syndrome autoroutier
La plus mauvaise solution est choisie pour le tracé de l’autoroute A4. Les Polangeois en font les frais. Sur 120 pavillons détruits à Joinville, une centaine est située à Polangis. Le drame de l’expropriation. Perdre ses racines. Un cas de suicide connu pour combien de morts lentes ! Seule préoccupation des services publics l’autoroute passerait elle en viaduc ou en remblai ?…
Décembre 1975 : création de l’A.S.E.P. Association pour la Sauvegarde et l’Environnement de Polangis, qui regroupera très rapidement près de 400 familles adhérentes.
Fin 1976 : mise en service de l’autoroute A4.
1977 : ouverture d’une annexe de la Mairie au 39 avenue Galliéni.
1983 : à nouveau un Polangeois, Pierre Aubry, est élu Maire de Joinville.
1988-1990 : opposition unanime au projet du Ministère de l’Équipement de doublement en viaduc de A4 par A86.
Inauguration du pont de « L’Affaire est dans le Sac' », film des Frères Prévert tourné à Joinville en 1932. Aucun lien !
Madame Gabrielle, « La dame aux chèvres », est désormais bien loin de tous ces tracas. C’était la figure de Polangis, depuis 1940, lorsqu’elle emmenait son troupeau le long de la Marne, à partir de sa maison du boulevard de Polangis. Elle repose au Paradis des chèvres, mais certains soirs d’été, on peut entendre des clochettes tinter sur le bord de la rivière.
Polangis, c’est aussi un immense poumon vert, avec près de 1200 arbres d’alignement, platanes, marronniers, tilleuls, peupliers et acacias, sans compter la coulée verte du petit bras de Polangis et de très beaux arbres dans certaines propriétés privées, dont plusieurs cèdres avenue Foch. C’est aussi un certain parfum d’exotisme, avec un bananier quai (le Polangis près du pont, un mimosa avenue d’Estienne d’Orves, un grand palmier au 11 de l’avenue Gounod, et un araucaria au 11 avenue Foch.
Polangis c’est la présence du dernier maraîcher de Joinville avenue Arago, c’est également le marché biologique de la place Mozart les 2ème et 4ème samedi de chaque mois ; c’est aussi une certaine convivialité avec ses petits bars restaurants comme , « Le Petit Pont », « Le Roulis », « Le Mozart », « Les jardins du Rouergue », « Caillaud », « Les 3 Canards », et « La Cravache », sans compter ceux de l’avenue Galliéni.
Polangis enfin, c’est une certaine qualité de la vie due à son tissu pavillonnaire et c’est une volonté farouche de ses habitants pour la conserver, malgré tous les avatars des temps modernes. C’est grâce à elle que le Port Olin des Moines de Saint-Maur a franchi les portes du XXIe siècle, en conservant son authenticité.
BIBLIOGRAPHIE
- Joinville-le-Pont a 150 ans (1981)
- Bulletin Municipal Officiel de Joinville-le-Pont (année 1967 en particulier)
- « Le Pont de Joinville à travers les âges » (1957) par G. BOUSQUIE
- « La Nouvelle Histoire de St-Maur-des-Fossés » par Pierre GILLON (1987)
- « Et Ducrot passa la Marne » par jean ROBLIN (1971)
- « Les Bords de Marne » par Michel RIOUSSET ( AMATTEIS 1984)
- Joinville-le-Pont (1906) Etat des Communes.